La reconnaissance faciale expulsée de l'aéroport de Boston

Sep 03, 2003

Testé pendant trois mois dans l’enceinte de l’aéroport, le système de surveillance des voyageurs par caméras et logiciels de reconnaissance du visage a été jugé peu fiable. Comme en Floride récemment, l'expérience a été abandonnée.

Second coup dur en quelques semaines pour les dispositifs de vidéosurveillance, censés identifiés automatiquement le visage des criminels fichés par la police. Après le récent abandon d'un système testé par la police de Tampa en Floride (lire notre article du 22 août 2003), c'est au tour de l'aéroport Logan de Boston de tirer un trait définitif sur cette technologie à la suite d'essais non concluants.

«Le nombre de faux résultats générés par le système était excessif. En conséquence, la charge de travail pour les opérateurs est laborieuse et exige une constante attention (...) de deux personnes, au minimum, par poste de travail», conclut un rapport confidentiel de la direction de l'aéroport. Daté de juillet 2002, il a été rendu public mardi 2 septembre par l'Aclu (American Civil Liberties Union), importante association américaine de défense des libertés fondamentales.

Concrètement, le système a été mis en place pour repérer d'éventuels terroristes via les caméras de surveillance de l'aéroport, reliées à un ordinateur comparant les visages des voyageurs à une base de données de visages numérisés. Quarante employés de l'aéroport ont servi de cobayes pour jouer les pseudo-terroristes, explique un porte-parole de l'administration de l'aéroport au quotidien américain USA Today.

Un ratio de 61% de bonnes réponses
Durant les trois mois qu'ont durés les tests, le dispositif a reconnu 153 fois leur présence à l'écran, mais les a ignoré 96 fois. Ce ratio de 61% de bonnes réponses n'a pas satisfait le direction de l'aéroport, qui, aujourd'hui, essaye d'autres systèmes de sécurité, a poursuivi le porte-parole. L'aéroport de Logan est particulièrement connu aux États-Unis depuis qu'ont embarqué 10 des 19 terroristes ayant perpétré les attentats du 11 septembre 2001.

Contacté par USA Today, un porte-parole de la société Visionics (récemment rebaptisée Identix), développeur du logiciel spécifique de reconnaissance faciale, a indiqué que le test n'était pas une bonne mesure de sa technologie, qui, depuis, a évolué. Reste que Identix était déjà le partenaire technologique des essais effectués à Tampa. L'entreprise semble donc multiplier les échecs. Et pourtant, en septembre 2001, son patron était l'un des invités vedettes de la grande conférence des commissaires européens à la vie privée, qui se déroulait à l'époque à la Sorbonne, à Paris (lire notre actualité du 24/09/2001).

Source : Znet «Il n'y a aucune garantie pour que la technologie de reconnaissance faciale fonctionne un jour», commente dans un communiqué Barry Steinhardt, l'un des responsables de l'Aclu. «Les visages changent et sont difficiles à mesurer. Il se peut que le concept soit fondamentalement erroné et que l'identification faciale ne soit que la "version XXIe siècle" du détecteur de mensonge, notoirement connu pour être incertain, bien que ses défenseurs clament depuis des décennies qu'il fonctionnera une jour.»